mardi 12 janvier 2016

Au delà des Montagnes chinoises

"Au delà des montagnes" est un film chinois qui a été présenté au festival de Cannes 2015 et aurait
mérité bien des prix. Autant pour la beauté graphique des scènes en extérieures, la grande finesse des cadrages et mises en scènes, mais surtout pour le jeu de la commédienne Tao et son jeune fils dans le film, Dollar. Tout est parfaitement posé et réfléchi, avec la minutie et l'esthétique chinois (que j'imagine..).

Le film est construit en 3 épisodes.
On suit l'histoire d'une jeune femme chinoise, moderne, jolie et pleine de vie, qui doit choisir entre deux amoureux. La photo ci-jointe est justement le départ de celui qu'elle n'a pas choisi, ou plutôt qui n'a pas su se battre contre un adversaire bien plus "brillant". Il n'est pas certain que cette jeune femme ait vraiment fait un choix, mais s'est laissée gagner par le plus fort, le plus fortuné surtout. Ces jeunes se retrouvent au bord du fleuve, aux pieds des montagnes ; dans ce film on retrouve de nombreux symboles qui tissent un fil entre les époques : l'eau, le chien, les raviolis, le pull rayé...

On retrouve ensuite les mêmes protagonistes, 10 ans plus tard. Elle, femme divorcée et riche, retrouve son fils, alors exilé avec son père à Shangaï au prétexte de lui offrir une meilleure vie. Chaque scène est poignante dans ces retrouvailles difficiles, mais qui vont permettre de construire un nouveau lien entre la mère et le fils. Il y a du calme et de l'ordre dans la vie de cette femme : une belle maison, parfaitement fleurie, rangée, brillante. Pas un mouvement autre que celui du fidèle labrador, et la préparation des raviolis chinois. Et ce petit garçon sage, en costume d'écolier, qui découvre sa mère.

Enfin, 10 ans plus tard, en Australie, on retrouve ce même fils en rupture avec son père. Dans un monde ultra moderne, il est aux prises avec son passé refoulé. Les paysages de bord de mer nous racontent comment son cœur est de l'autre côté de la mer et des montagnes ; là où sa mère, seule et calme, prépare encore ses raviolis avec son chien. Elle attend...

Ce film offre une vision de la chine d'aujourd'hui un peu manichéenne. L'un des jeunes garçons travaille dans une mine de charbon, l'autre devient riche. Leur jeunesse est gaie, malgré la pauvreté et la simplicité. On peut imaginer que le mariage est plutôt facile grâce à l'argent. Mais finalement la vie est triste pour cette femme qui a sacrifié son enfant dans l'espoir de lui offrir mieux. Qui a peut être aussi sacrifié son amour de jeunesse pour l'argent ... Mais le bonheur était-il vraiment dans l'opulence ? On sent qu'elle ne doute pas de ses choix, mais on sent surtout que ce sont des choix de raison qui font fuir cette chine traditionnaliste que ce film nous montre cruellement.

mardi 5 janvier 2016

JOY

Un beau titre pour commencer l'année : JOY !
Un joli prénom aussi pour un film qui a le mérite de dégager une bonne dose d'espoir et de bonne humeur. Un film "conte de fée", où la petite fille devient une business woman en réalisant ses rêves tout en portant derrière elle tout son lourd héritage familial !

Jennifer Lawrence est magnifique et tout fait crédible avec la petite hargne qu'il faut dans le monde des affaires où elle met les pieds avec son "balai magique" (son arme de sorcière ...), ainsi que son air angélique et innocent qui lui valent les honneurs de la télé !
Quant à Bradley Cooper.. il est craquant mais malgré cela, il n'y a pas d'histoire d'amour à rebondissement dans ce film, mais plutôt du respect, de l'humour, du courage..

La maison en ruine dans la campagne, une mère folle, un père irresponsable, une sœur méchante et la belle mère riche un peu "acariâtre"... c'est un peu Cendrillon, avec sa grand-mère en "marraine" !

On sourit, on rêve, on tremble.. tous les ingrédients d'un bon divertissement (américain) sont présents, sans échapper à quelques clichés et malheureusement une fin sans finesse ! J'adore aussi cette affiche graphique : la tête tournée vers les étoiles... lumineuse !

mercredi 23 décembre 2015

Chagall et la musique

Cette exposition à la Philharmonie de Paris, à côté de la Cité de la Musique de la Villette, est très réussie autour du thème des grandes œuvres de Marc Chagall (1187-1985) inspirées par la musique.

Dans un ordre antichronologique, l'exposition commence par la découverte du plafond de l'Opéra Garnier, peint par Chagall (inauguré en 1964). Une ambiance presque sacrée dans cette première salle, emplie de musique et grâce à une vidéo exceptionnelle sur les différentes scènes représentées au dessus du public de l'Opéra (14 compositeurs et leurs œuvres sont ainsi peints).

"Le film ne dure que 22 minutes mais dans cette première salle, on y passerait des heures! Sur un écran de 5,50 m de hauteur défilent les moindres détails du plafond de l'Opéra Garnier. Tourbillon d'images renversant. Ici, quelques notes en bleu, d'ordinaire invisibles à l'œil nu. " Le Figaro, 11/10/2015

On arrive ensuite sur les incroyables fresques,et en particulier celles du Metropolitan Opera, Lincoln Art Center, New York : Le Triomphe de la musique. Bien sûr ces fresques gigantesques ne sont pas présentes dans l'exposition, mais on découvre des esquisses très achevées et des vidéos de l'artiste en plein travail, tout petit devant ces murs peints.

Un peu plus loin, ce sont des costumes de ballet qui présentent une autre facette du travail de Chagall, ainsi que des maquettes et projets de décors de spectacles des grands opéras : La flûte enchantée, Daphnis et Orphée, L'oiseau de feu.. entre Paris et New-York où il dut s'exiler pendant la guerre. Dans chaque pièce on peut admirer aussi les images d'archives des ballets, tout aussi intéressantes.

Je connaissais déjà un peu Chagall pour avoir visité son musée à Nice, mais c'est une autre facette que l'on découvre ici, tout en passion. Des couleurs fortes, des dessins riches de détails et de mouvements, des animaux (dont j'aurai aimé savoir davantage), des couples, des fleurs.. tout un univers onirique puissant qui accompagne à merveille l'art de la danse et de la musique.

jeudi 17 décembre 2015

2 degrés...et 2 sous de conscience

Mon périple quotidien a, ce matin, pris un coup de chaud.. et un coup de conscience écologique.
On sait combien le réchauffement climatique est là et dangereux pour notre planète, mais bien souvent cela reste du discours plutôt que notre réalité.
Mais ce matin.. mon parcours était une démonstration que cela n'est pas que des mots.

17 décembre 2015, 13° au thermomètre à  8h du matin, à peine frais.
Je quitte donc mon appartement de location surchauffé (impossible d'éteindre les radiateurs anciens et pas entretenus), toutes fenêtres ouvertes pour rafraichir et laisser échapper la chaleur.
Embouteillages, pollution, bruit des radios des voitures qui roulent fenêtres ouvertes (oui, toujours 13°, mais tout le monde a sorti son manteau et son écharpe  à 8 jours de Noel, c'est une évidence que décembre soit froid, non ?).
La rue est jonchée de feuilles mortes (qui viennent juste de tomber, forcément, on a un mois de retard sur l'hiver, enfin il faudrait changer les dates de l'hiver peut-être) et manque de glisser sur ces feuilles trempées : cela m'avait déjà valu une entorse l'année dernière ! je me fais la réflexion que on pourrait les balayer quand même ...
et j'aperçois alors un "souffleur de feuilles" : cet instrument extraordinaire qui permet de déplacer les feuilles dans un coin en soufflant grace à un gros tube très très bruyant et consommateur d'énergie... (même si le métier de balayeur devait être fatigant, j'en conviens).. désespérée !
Je traverse n'importe où (trop de circulations, ville déjà encombrée), et passe derrière un bus, dégageant une chaleur terrible et crachant ses gaz d'échappement ! moi qui croyais (vraiment) que les transports publics étaient "propres", peut-être pas encore tous à l'électrique, mais tout au moins entretenus et polluants au minimum.
J'arrive au métro : la galère de tous les matins reprend, tassée, et étouffant dans une rame surchauffée et qui avance doucement : le réseau est vieux et surpeuplé ! (mais je sais que la RATP travaille pour améliorer cela..)
et le comble : au milieu de Paris XVè, petit arrondissement tranquille, un semi-remorque en travers d'un carrefour qui a du manœuvrer 100 fois pour se dégager d'une toute petite rue qu'il avait décidé d'emprunter : mais que faisait-il dans Paris, je n'en avais jamais vu d'aussi grand ailleurs que sur l'autoroute ? Pollution maximale...
Admirez aussi sur la photo les sacs poubelle à côté des poubelles : sympathique ...

voilà comment ce matin j'ai pris une vraie conscience des efforts phénoménaux à faire contre les pollutions de toute sorte à cause entre autre des négligences passées et des vétustés de notre pays :
- isoler les appartements et changer les modes de chauffage,
- renouveler le parc des transports publics : bus, et RATP,
- diminuer les voitures, les embouteillages, le bruit, le danger et le stress de la circulation
- faire évoluer les techniques et inclure des normes de décibels et d'économie d'énergie dans tous les travaux publics sur la voirie (pour ramasser les feuilles également)
- limiter la circulation des poids lourd...
- la réduction des déchets, et déjà le respect de l'espace public, le tri des déchets et le recyclage.. je pourrais aller jusqu'au Zéro Déchet (mais c'est un autre débat);

Malgré toute cette "pollution" au sens très large du terme, agressive, il faisait très beau et le ciel bleu et rose était magnifique entre les immeubles !
La vie est belle quand on la regarde du bon côté :)




mercredi 9 décembre 2015

Perspectives

J'ai découvert Picasso. Découvert, parce qu'en effet, à part quelques tableaux que j'avais déjà rencontrés, je ne connaissais rien de son parcours et de son art.

L'exposition Picassomania retrace quelques décennies seulement, à travers d'autres artistes contemporains inspirés par l'œuvre de Picasso. Et on peut dire que il en a inspiré beaucoup, mais peu l'ont égalé. Malgré tout cette exposition m'a réellement permis de m'initier un peu mieux sa peinture.

Le principal et le plus important à comprendre est le  « cubisme analytique » dont je vous donne une définition : "affirmer une rupture avec la vision classique ; abandonner l'unicité de point de vue du motif pour en introduire de multiples sous des angles divers, juxtaposés ou enchevêtrés dans une même œuvre ; s'affranchir de la perspective pour donner une importance prépondérante aux plans dans l'éclatement des volumes".

En clair, si vous voyez une table avec sa perspective, essayez aussi de vous la représenter à plat en voyant tous les côtés et les 4 pieds sur le même plan. Cela est valable aussi avec une dame sur une chaise : imaginez la sous tous les angles et représentez-la ainsi sur votre feuille ! C'est une gymnastique un peu étrange pour notre regard, mais avec cette lecture, les tableaux de Picasso m'apparaissent enfin différemment du "désordre" dans lesquels je ne trouvais pas l'harmonie.

Il m'aura fallu cette expérience pour m'ouvrir l'esprit à Picasso, et je ne le regrette pas du tout.
Je vous montre ici le "baiser" qui fait partie d'une série de croquis coquins.. qui est épuré et plein de grâce.





jeudi 26 novembre 2015

Les noces indiennes

Un livre de Sharon Maas, 600 pages dévorées en 5 jours.. une saga familiale du XXème siècle, dans 3 familles indiennes où dominent encore de nombreuses traditions, dont celle du mariage forcé des jeunes filles.

On sent à la fois que le destin de ces jeunes filles (dès 13 ans elles sont fiancées) est toujours inévitable dans ces familles indiennes (l'histoire se passe à la fois en afrique, en inde anglaise puis en Angleterre), mais qu'une résistance apparaît. En effet, ces jeunes filles rêvent d'une vie moderne, d'avoir un métier, et du grand amour parfois aussi... et tente ce qu'elles peuvent pour échapper à ces hommes choisies par leur père pour leur argent, situation ou pire parce que ceux-ci acceptent juste une fille "perdue".

Les 3 jeunes filles indiennes du livre, aux histoires qui se croisent, sont très différentes et vont réagir chacune à leur façon devant l'inévitable destin imposé par la tradition.
L'une essayera de s'enfuir avec un jeune garçon anglais, mais sera vite ramenée auprès de son père, intraitable. L'autre partira faire ses études à Londres, échappant par diverses ruses au fiancé qui l'attendait.

Le récit laisse une grande place aux couleurs et la délicatesse de l'Inde, à travers ses coutumes et ses croyances, ses saris, ses odeurs des piments dans la cuisine et ses jardins luxuriants. En opposition, on découvre aussi le colonialisme britannique et le combat pour l'indépendance des indiens, puis l'arrivée de Gandi.

Voilà un beau et grand roman qui tisse de belles histoires d'amitiés, d'amour et de vie.. on aimerait qu'il ne finisse jamais.